(de causer cinoche – auteur : Pineau)
La P’tite Annick
James Came Rond a eu une riche idée, quand, le 10 avril 1912, il a loué une péniche pour faire la route du rhum alors qu’il était convié à la pêche aux thons par trois morues de Concarneau qui pensaient qu’aussi con qu’Arnaud, il n’y a que le Mec Annick……car c’est un mec! L’histoire aurait tourné tout autrement sans cette invraisemblable supercherie sans laquelle un glaçon mal branlé serait, sans l’ombre d’un doute, resté à la place qui lui était destinée depuis l’invention de l’anis étoilé.
Ça se passe en 1912, c’est dire que ça ne date pas d’Hyères. Nous sommes à Southampton, en Rosbeeferie, avril est froid, cette année là, je m’en souviens farpaitement bien. Sur les quais, des Amerloques pleins aux as, des Grand Bretons bourges jusqu’aux os, et des travailleurs Irlandais, qui ont loué un fond de cale pour aller tenter le rêve américain, déjà à l’époque. Le quai effervesce un max, et les riches malles en osier des uns côtoient les sacs défoncés des autres. On part la fleur aux dents sur le plus beau paquebot, et il n’est pas que beau, il est tout neuf aussi et sa première traversée vers New-York via Le Havre est un évènement.
(Crédit photos :Yann Arthus Bertrand à pied – Les rois du monde)
Came Rond romance avec la vague histoire de Rose, une nénette hystérique qui se fait draguer par un insignifiant plein de fric, et un jeune Irlandais, Jack, qui est d’un milieu diamétralement opposé, mais qui n’a pas mis son éducation et son savoir vivre dans ses chaussettes. C’est le fil rouge du film, et tout le monde s’en badigeonne, à part les vieilles qui aiment les romans à l’eau de rose.
Le bon plan, c’est que le rafiot est drivé par une équipe de branques qui ne pensent qu’à battre le record de la traversée (le ruban bleu qu’ils disent). Il mettent du charbon en pagaille dans les chaudières pour faire tourner les turbines à fond la caisse quitte à ce que tout leur vole en pleine poire. Ce qui devait arrivi arrivu. Le 14 avril 1912 à 23 heures 40, au large de Terre Neuve, un taré a jeté un glaçon trop violemment dans le gobelet qui s’est fendu par tribord; Les dirigeants réagissent aussi vite que des mollusques car ils croient le gobelet insubmersible. Ils ont changé d’avis à la réunion de chantier convoquée 2 heures 30 plus tard par 3843 m de fond. Sale tronche pour les gilets jaunes. Pendant le temps de la coulette, c’est bien sûr la pas nique à bord, (il y avait d’autres activités), et on observe les réactions de chacun. Ceux qui balancent des poignées de dollars pour avoir accès aux barques, d’autres qui n’ont droit qu’à la boucler, d’autres encore qui s’en branlent, et d’autres aussi qui se font des politesses. C’est le moment le plus intéressant, mais au final il y a du grabuge: 1513 noyés et disparus. Voici la courte vie de la P’tite Annick.
« Atlantique latitude 41° », tourné par Roy Ward Baker en 1958 avait quand même une autre tenue.
(Pineau)
(Voyage houleux sur la p’tite Annick)